Pauline, George Sand

George Sand, Pauline, Pauline de George Sand, Folio

4ème de couverture

« Pauline était vêtue de brun avec une petite collerette d’un blanc scrupuleux et d’une inégalité de plus vraiment monastique. Ses beaux cheveux châtains étaient lissés sur ses tempes avec un soin affecté ; elle se livrait à un ouvrage classique, ennuyeux, odieux à toute organisation pensante : elle faisait de très petits points réguliers avec une petite aiguille imperceptible sur un morceau de batiste dont elle comptait la trame fil à fil. La vie de la grande moitié des femmes se consume, en France, à cette solennelle occupation ».

 

L’histoire

Laurence a quitté il y a quelques années son petit village d’origine pour devenir actrice à Paris. Dans la société de l’époque, en province, cela équivalait à entacher sérieusement sa réputation.

Alors qu’elle effectue un voyage de nuit, Laurence se retrouve bien malgré elle de retour à Saint-Front. Malgré sa répugnance à demeurer là, Laurence se décide à retrouver sa chère amie d’enfance, Pauline.

Celle-ci vit le quotidien monotone des femmes de la province. Elle s’occupe par ailleurs de sa mère malade, madame D…, avec dévotion et sacrifice. Car si Pauline mène une vie radicalement différente de celle de son amie Laurence, elle n’en rêve pas moins à la vie trépidante de la grande ville.

A l’occasion de la disparition madame D…, Laurence décide de prendre Pauline sous son aile et l’installe avec elle à Paris. C’est là que les personnalités vont se révéler…

 

L’auteur

George Sand, de son vrai nom Amantine Aurore Lucile Dupin, est romancière et femme de lettres française, baronne Dudevant après son mariage. Elle a écrit des romans, des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre, une autobiographie, des critiques littéraires, des textes politiques.

George Sand choqua son époque par sa vie amoureuse, son style et sa revendication de liberté.

 

Ce que j’en pense

« Pauline » est un court roman qu’on dévore d’une traite, tant son intrigue est captivante. Le talent d’écrivain de George Sand n’est plus à démontrer, son écriture est fluide et nous entraîne dans son histoire avec curiosité et délice.

Volonté délibérée de l’auteur ? L’histoire est bâtie en miroir, chaque élément possède son strict contraire. Ainsi, le personnage de Pauline, que l’on croit doux et naïf parce que provinciale, se révèle méchant, torturé, jaloux et vindicatif. Sa piété n’est qu’un leurre et sa générosité toute calculée. Au contraire de Laurence, son miroir inversé, qui n’est que douceur, générosité et empathie. Même chose avec les personnages des mères. Autant la mère de Pauline est revêche et campée sur des principes d’un autre temps, autant la mère de Laurence fait preuve de tolérance, d’ouverture d’esprit et de chaleur humaine. Le milieu tant décrié de la ville et des artistes s’oppose à celui de la province, haut-lieu de piété et de morale permanente. Pourtant, là encore, la ville se montre un endroit plus agréable et moins hypocrite que la province, qui se révèle un lieu de commérages et de jugements arbitraires.

J’ai beaucoup apprécié ce parti pris. C’est judicieux et cela sert admirablement l’histoire. Le Bien et la morale ne sont pas forcément là où on le croit, ni là où on le dit. L’apparence la plus pure peut cacher l’âme la plus noire. Avec une nuance toutefois, les sentiments négatifs de Pauline et de sa mère tiennent une part de leur origine, à mon sens, dans l’ignorance et le manque d’ouverture d’esprit propres au milieu provincial de l’époque. Cela n’explique pas tout, naturellement, puisque la personnalité ne dépend pas exclusivement du milieu d’origine, mais cela favorise certains penchants.

La ville contient son lot de perversité, le personnage de Montgenays en est l’illustration parfaite, et écorne, une fois de plus, l’image de nos amis les hommes. Jouer de la naïveté et des sentiments d’une jeune femme inexpérimentée, au cœur pur, n’est pas glorieux, c’est tout simplement cruel.

Ce roman a été écrit par George Sand en deux fois, et deux parties. Le début du manuscrit a été d’abord perdu puis retrouvé des années après. On le ressent dans l’écriture, mais pas négativement. Au contraire, cela sert au récit puisque cela marque deux époques dans le roman : la visite de Laurence en Province (« première partie ») et l’installation de Pauline à la ville (« deuxième partie »).

Vous l’aurez compris, je vous recommande ce livre.

 

Extraits et citations

« Tu m’aurais accusée de faiblesse, quand, au contraire, il me fallait tant de force pour renoncer à t’écrire, à te suivre dans ce monde inconnu où, malgré moi, mon cœur a été si souvent te chercher ! Et puis je n’osais pas accuser ma mère ; je ne pouvais pas me décider à t’avouer les petitesses de son caractère et les préjugés de son esprit. J’en étais victime ; mais je rougissais de les raconter. Quand on est si loin de toute amitié, si seule, si triste, toute démarche difficile devient impossible. On s’observe, on se craint soi-même, et on se suicide dans la peur qu’on a de se laisser mourir. A présent que tu voilà près de moi, je retrouve toute ma confiance, tout mon abandon. Je te dirai tout. Mais d’abord parlons de toi, car mon existence est si monotone, si nulle, si pâle à côté de la tienne ! Que de choses tu dois avoir à me raconter ! » (p.34).

 

 

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9 réflexions sur “Pauline, George Sand

  1. La 4e de couverture ne m’a pas spécialement emballé, mais après lecture de ton avis (et aussi car le roman a l’air court et donc possibilité de ne pas avoir trop de blabla descriptif ;)) je suis tentée de lire ce roman. J’avais déjà envie de me mettre à cet auteur, peut-être que je commencerai par celui-ci !

    • Le 4ème de couverture ne donne aucun élément sur l’histoire, mais quand tu commences à le lire, ça se lit tout seul. Je ne suis pas non plus fan des blablas descriptifs (genre Madame Bovary…), il n’y en a pas plus que nécessaire. Tu peux commencer par celui-ci, tu ne devrais pas être déçue 🙂

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